Le 5 septembre 2019, coup de tonnerre chez Nissan. Son directeur général, Hiroto Saikawa est contraint de démissionner et forcé d’admettre qu’il a commis des malversations financières pour un montant de 47 millions de yen. Montant qu’il a perçu pour acheter une propriété immobilière (achat qu’il avait dans un premier temps envisagé de faire payer par Nissan selon M. Kelly). S’en suit le départ, non rendu public, de Christina Murray, Directrice de l’audit, qui a mené l’enquête contre M. Saikawa.

Cette enquête fait suite aux révélations de Greg Kelly, quelques mois auparavant, en juin 2019, dans le magazine Bungei Shunju.

Greg Kelly avait révélé que M. Saikawa avait fait avancer la date d’exercice d’options d’actions pour augmenter sa propre rémunération d’un montant de 47 millions de yens (perçus en 2013).

En ce début septembre 2019, Bloomberg s’étonne du traitement de faveur réservé par les autorités judiciaires à M. Saikawa. En effet, ce dernier n’est pas inquiété par la justice de son pays, aucune charge criminelle ne sera retenue contre lui. Le sujet est à l’appréciation du conseil d’administration de Nissan qui va le démettre de ses fonctions. Rappelons que Carlos Ghosn aura passé 108 jours en prison à l’isolement pour non-déclaration de rémunération qu’il n’a pas perçu. Le premier Ministre Japonais, s’exprimera quelques mois plus tard pour indiquer qu’il aurait préféré que l’affaire Ghosn ait été réglée en interne, chez Nissan.

Hiroto Saikawa quittera pour sa part Nissan le 16 septembre 2019.

Le double standard opéré par les autorités judiciaires nippones met à jour une application du droit différente pour les ressortissants étrangers et pour les japonais. Double standard sur lequel les avocats de Carlos Ghosn s’expriment dans le Wall Street Journal avec les termes suivants :

“Junichiro Hironaka, a lawyer for Mr. Ghosn in Japan, said last week that while Mr. Ghosn is accused of hiding compensation that he never received and is facing a lengthy prison sentence as a result, Mr. Saikawa did receive excess pay and isn’t facing criminal charges. This is clear discrimination against foreigners.”

Avocats de Carlos Ghosn

Le chaos continue chez Nissan, puisque Bloomberg révèle, le même jour, une information qui n’a pas été rendue publique : Hari Nada est mis dans la tourmente. Comme M. Saikawa, Hari Nada, aurait bénéficié de rémunérations excessives. Hari Nada, vice-président chez Nissan, est à l’origine des accusations contre Carlos Ghosn et est protégé par un accord de plaider-coupable signé avec les procureurs japonais.

Enfin, la réunion du Conseil d’Administration ayant pour objet principal la révocation de M. Saikawa aurait également permis, selon le Wall Street Journal, de souligner un autre fait majeur. Diligenté pour faire la lumière sur les allégations de malversations de Carlos Ghosn, le rapport d’enquête final de Nissan n’a jamais été remis en intégralité aux administrateurs du Groupe. A la place, ceux qui siègent à l’organe de gouvernance de Nissan ont reçu un résumé de 5 pages seulement. Insuffisant pour certains administrateurs, qui, cependant, ne chercheront visiblement pas à obtenir le rapport dans son intégralité. 

De plus, le groupe nippon, sans donner l’intégralité du rapport aux administrateurs, a informé la presse qu’elle chiffrait le préjudice de l’affaire Ghosn à 300 millions d’euros. Un montant qui n’est pas expliqué mais dont l’entreprise automobile estime qu’il est incomplet.

Une attitude globale de Nissan que les avocats de Carlos Ghosn balaient d’un revers de la main tant elle tend au coup de communication pour masquer la gêne liée aux déboires de M. Saikawa :

” Nissan’s position continues to be inconsistent, contradictory and incoherent. Mr. Ghosn will continue ‎to vigorously fight Nissan’s baseless claims and expose their orchestrated coup.”

Avocats de Carlos Ghosn