Alors que Carlos Ghosn est toujours en détention depuis 12 jours et réduit au silence, le 30 novembre 2018, sa garde à vue est prolongée pour 10 jours supplémentaires. De quoi renforcer la pression politique alors qu’Emmanuel Macron et Shinzo Abe se retrouvent au G20 en Argentine.

La seule déclaration faite dans laquelle Emmanuel Macron réitère « son engagement à préserver l’Alliance autant que la stabilité du Groupe ».

Si au niveau politique rien ne bouge, les choses vont s’accélérer en ces premiers jours de décembre.

Le 9 décembre 2018, le Wall Street Journal révèle que Carlos Ghosn était sur le point de se séparer de son directeur général Hiroto Saikawa. Le même qui a tenu, très rapidement, une conférence de presse, dès l’arrestation de son PDG le 19 novembre 2018, pour expliquer, sans consultation, que le conseil d’administration de Nissan allait le démettre de ses fonctions.

Pas de quoi stopper le zèle des procureurs japonais.

Le lendemain, après 22 jours en détention, sans accès à ses avocats, le 10 décembre 2018, Carlos Ghosn est officiellement mis en examen. Le motif invoqué : une minoration de revenus entre 2010 et 2014.

Les procureurs font « une pierre, deux coups » puisqu’ils notifient, le même jour, une nouvelle garde à vue de 10 jours pour Carlos Ghosn, pour le même motif mais sur la période de 2015 à 2108.

Dès le lendemain, l’avocat de Carlos Ghosn, Motonari Otsuru, dépose plainte pour cette extension de garde à vue. En vain, l’appel est immédiatement rejeté.

De plus, Greg Kelly subit le même traitement, suspecté d’avoir aidé Carlos Ghosn et Nissan annonce, par voie de communiqué, qu’on lui a également, en tant qu’entité, notifié les mêmes charges de mise en examen.

Enfin, Renault n’attend pas la fin de cette deuxième période de garde à vue, pour confirmer, par la parole de son Conseil d’Administration, dans deux communiqués des 13 et 14 décembre, que les éléments de rémunérations de Carlos Ghosn chez Renault de 2015 à 2108 sont conformes. En toute connaissance de cause semble-t-il, puisque les Echos avaient informé, plus tôt dans la semaine, que venus de Yokahoma, des cadres de Nissan avaient partagé des éléments sur leur enquête sur Carlos Ghosn. Peu convaincants visiblement puisque, via ces deux communiqués, Renault confirme Carlos Ghosn comme Président – directeur général.

Une décision saluée par le Premier Ministre français Edouard Philippe dans un entretien avec la presse :

« Quel regard portez-vous sur l’incarcération au japon de Carlos Ghosn et l’avenir du groupe Renault-Nissan ?

Tant qu’un jugement de condamnation n’est pas intervenu, toute personne est présumée innocente. C’est le cas de Carlos Ghosn. Comme beaucoup de Français, j’ai découvert les rigueurs extrêmes du système procédural japonais. Pour le reste, je considère que la gouvernance de Renault a pris les bonnes décisions ces derniers jours. »

Edouard Philippe – Premier Ministre français

Des divergences d’attitudes entre Renault et Nissan qui vont s’intensifier : Renault fait vérifier les éléments et communique les conclusions via son Conseil d’Administration ; Nissan s’appuie, pour ces deux tâches, sur les procureurs.

Cette différence va être exacerbée par le souhait de Renault de convoquer en urgence une assemblée générale extraordinaire pour les actionnaires de Nissan. Une situation qui inquiète Renault après analyse de la volatilité du cours de bourse de Nissan. Malgré tout, le constructeur japonais traine des pieds pour empêcher Renault de nommer des dirigeants qui pourraient permettre une forme de reconstruction. Cette assemblée sera annoncée fin janvier 2019 seulement et n’aura lieu qu’en avril 2019.

Chart from Financial Times