Très vite après l’arrestation de Carlos Ghosn et Greg Kelly, Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, tient une conférence de presse jusque tard dans la nuit du 19 novembre 2018 au siège de Nissan à Yokohama. Cela suit une communication de la société, par communiqué de presse, pour confirmer l’arrestation de Carlos Ghosn et Greg Kelly.

Carlos Ghosn et Greg Kelly ont été arrêtés sur le seul motif de s’être « associés pour organiser la minoration de revenus » de Carlos Ghosn de 2011 à 2015.

Cependant, lors de la conférence de presse, Hiroto Saikawa indique qu’une enquête interne de Nissan a été diligentée sur la base d’informations fournies par des lanceurs d’alerte, puis transmise aux autorités judiciaires japonaises.

Cette enquête interne a révélé que, pour ce qui concerne Carlos Ghosn, “de nombreuses autres fautes importantes ont été découvertes, telles que l’utilisation personnelle des actifs de l’entreprise”.

Mais, interrogé à maintes reprises lors de la conférence de presse sur le contenu des autres découvertes, Hiroto Saikawa déclarera publiquement aux journalistes, à chaque fois, qu’il ne peut pas donner de détails.

Cette enquête interne est un élément central de l’affaire Carlos Ghosn. Nissan continuera pendant des mois, jusqu’à fin 2019, à utiliser cette enquête comme base de toutes ses accusations.

Dès le 19 novembre 2018, Hiroto Saikawa reconnait que Carlos Ghosn n’a pas été entendu dans le cadre de cette enquête, mais qu’elle a été transmise directement au parquet de Tokyo.

Les rebondissements successifs révèleront, aussi que ni Renault, ni même les administrateurs de Nissan n’auront accès à l’exhaustivité des rapports. Par ailleurs, c’est sur la base de cette enquête également, que d’autres cadres de Nissan, dont Hiroto Saikawa lui-même, seront pointés du doigt et écartés de l’organisation, suite à des trop-perçus de rémunération (rappelons que la non-déclaration de revenus pour Carlos Ghosn concerne des montants non-perçus.)  

De plus, après des images de la mise en scène de l’arrestation, les accusations sans fondement du directeur général de Nissan vont être reprises par la presse. Cela constitue le point de départ d’une longue série d’informations, distillées au compte-goutte dans différents organes de presse, pour détruire la réputation de Carlos Ghosn.

Ainsi, un article de NHK signé de la journaliste Kamata Tomoko, correspondante de NHK world en charge de la politique, indique que, selon des sources, « Nissan aurait fourni à son dirigeant des maisons dans 4 pays sans aucune raison commerciale légitime. Ellesaffirme que les maisons sont situées à Rio de Janeiro, Paris, Amsterdam et Beyrouth. »

Les médias du monde entier reprennent les accusations d’Hiroto Saikawa. Ce dernier est qualifié par la presse de Brutus, qui, après avoir minutieusement détruit la réputation de Carlos Ghosn, va annoncer que Carlos Ghosn sera démis de ses fonctions lorsque le conseil d’administration de Nissan se réunira.

Une annonce qui contrevient aux principes élémentaires de gouvernance d’entreprise, en préemptant une décision qui appartient au Conseil d’Administration.