Très vite, certaines voix de la sphère financière et économique émettent des doutes face à la violence de l’opération médiatique du 19 novembre 2018.

A la découverte des motifs d’arrestation, un analyste financier, interrogé par l’AFP, s’étonne du sérieux des motifs invoqués par les procureurs japonais et par Nissan :

« Pourquoi les malversations n’ont-elles été découvertes que maintenant, et comment M. Ghosn et Greg Kelly auraient-ils réussi à falsifier des documents tout seul dans leur coin ? ».

Kentaro Harada, analyste chez SMBC Nikko Securities, AFP 19.11.2018

De plus, Thierry Breton, alors PDG d’Atos et ancien Ministre de l’Economie déclare, sur France Inter, le 21 novembre 2018 :

« L’arrestation a été d’une violence extrême. C’est extrêmement rare – et je connais bien le Japon, que 10 personnes du bureau du procureur de Tokyo viennent attendre sur le tarmac de l’aéroport de Haneda un avion avec des caméra de télévision. … ».

Et de poursuivre :

« Ce qui m’a interpellé, c’est de voir quelques heures après cet évènement mondialement médiatisé de l’arrestation de Carlos Ghosn le directeur général de Nissan, faire une conférence de presse seul, et dire, en préemptant la décision du conseil d’administration de Nissan, qui seul est souverain pour destituer un membre de son conseil. Il dit que le conseil va se réunir Jeudi, mais il donne déjà les conclusions de ce que le conseil va dire. … et cela avant même que les administrateurs de Renault n’aient eu connaissance des éléments. Je pense que l’affaire ne fait que commencer. »

Bien que rares, certains partons français témoignent leur soutien. Stéphane Richard, PDG d’Orange sur Twitter ou Sébastien Bazin, PDG d’Accor dans les Echos s’exprimeront ainsi publiquement pour fustiger le lynchage dont fait preuve Carlos Ghosn et rappeler qu’il a contribué à construire le numéro 1 de l’automobile mondial avec beaucoup de rigueur.

En complément, Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, le patron des patrons français s’étonne à la radio que l’on inflige 23 jours de détention à Carlos Ghosn qui n’a toujours pas le droit de s’exprimer.

Les arrestations de Carlos Ghosn et Greg Kelly sont un choc pour toute l’industrie automobile. Elles posent de nombreuses questions notamment en raison d’un projet de rapprochement plus étroit entre Renault et Nissan que devait présenter Carlos Ghosn et que révèle le Financial Times quelques jours plus tard.

De plus, en France, les voix s’élèvent pour dire que Carlos Ghosn, en tant que citoyen français, doit voir ses droits appliqués ou pour rappeler ce qu’il a accompli dans sa carrière au service d’un fleuron de l’industrie.

Deux éditos français sont remarqués dans l’Opinion et dans le Point et la presse internationale commencent à se poser des questions sur les réelles motivations derrière l’arrestation de Carlos Ghosn et le système judiciaire japonais. Même la presse japonaise s’interroge et le traitement réservé à Carlos Ghosn est même qualifié de xénophobe en France.

Quelques jours après l’arrestation, Le Monde n’hésite pas à affirmer que la communauté d’affaires étrangère voit, dans la mise à l’écart de Carlos Ghosn, un coup d’Etat manigancé par Nissan qui va écorner l’image de l’archipel pour les investisseurs étrangers.

Enfin, des avocats pénalistes pointent déjà des violations flagrantes des droits de la défense.