Le 18 novembre 2018, Carlos Ghosn quitte Beyrouth pour se rendre au Japon où doit se tenir, le lendemain, une réunion du conseil d’administration de Nissan.

Le 19 novembre 2018, Carlos Ghosn atterrit à Tokyo aux alentours de 16h30.

Il se rend au terminal de l’aéroport d’Haneda, où un agent de la douane lui indique un problème avec son passeport. Ce dernier l’invite alors à se rendre dans une petite pièce annexe dans laquelle les officiers du procureur de Tokyo l’attendent pour l’interroger. On lui notifie ensuite son arrestation. Carlos Ghosn est transféré à Kosugé, le centre de détention de Tokyo, pour ce qui sera le début d’une première incarcération de 108 jours à l’isolement. Le destin du PDG vient de basculer en quelques heures et sans explication.

Simultanément, Greg Kelly, en charge la vice-présidence de l’Alliance Nissan-Renault-Mitsubishi et membre du Conseil d’administration de Nissan, également arrivé à Tokyo le 19 novembre 2018, est lui aussi arrêté, mais sur l’autoroute entre l’aéroport et son hôtel. Il est également conduit à la prison de Kosugé où il sera détenu jusqu’à la veille de Noël 2018 et libéré sous caution en échange du paiement d’une caution de 70 millions de yens.

Greg Kelly avait initialement prévu d’assister au conseil d’administration de Nissan en visio-conférence, depuis les États-Unis, en raison d’une opération de la colonne vertébrale prévue en décembre. Dans une interview au Wall Street Journal, Dee Kelly, son épouse, a déclaré que Nissan avait intimé à Greg Kelly d’être présent physiquement à cette réunion. Hari Nada, directeur délégué à la présidence de Nissan, a même insisté pour affréter spécialement l’un des jets de l’entreprise entre Nashville (où Greg Kelly réside et où se trouve le siège social de Nissan en Amérique du Nord) et Tokyo.

Carlos Ghosn et Greg Kelly se voient ensuite notifier le motif de leur arrestation.

Carlos Ghosn est accusé d’avoir minoré ses revenus déclarés aux autorités boursières japonaises de 2011 à 2015. On reproche à Greg Kelly d’avoir participé à la minoration de ces revenus.

La minutie dans l’organisation de ces deux arrestations simultanées n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence d’une action orchestrée. La mise en scène de l’arrestation de Carlos Ghosn avec le concours des médias en est une démonstration.  

En effet, les images filmées par Nobuo Fujiwara, journaliste au Asahi Shimbun et les photos prises par son collègue Takuya Isayama vont être diffusées par les médias japonais puis relayées dans le monde entier. Le côté spectaculaire de l’arrestation de Carlos Ghosn par les agents du parquet de Tokyo à bord de l’avion, montrent les procureurs monter et descendre de l’avion dans une vidéo choc.

À aucun moment Carlos Ghosn n’apparait sur les images. Et pour cause, il n’était pas dans l’avion lorsque les images sont filmées, mais avait déjà quitté l’aéroport et était en route pour le centre de détention Kosugé à l’heure où la scène est tournée.

Cependant, cela n’empêchera pas le journaliste d’Asahi Shimbun présent sur les lieux d’assurer une couverture médiatique sensationnaliste en reportant que « les enquêteurs, ont eu l’autorisation d’approcher l’appareil sur le tarmac, peu de temps après que celui-ci ait atterri. Cela a permis aux enquêteurs de monter dans l’avion de la société et d’interroger Ghosn quelques minutes après son atterrissage ».

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Plus tard, dans la soirée du 19 novembre 2018, Nissan confirme l’arrestation de Carlos Ghosn et Greg Kelly par voie de communiqué de presse et Hiroto Saikawa, le directeur général du constructeur japonais donne une conférence de presse au nom de Nissan.