Pendant que Carole Ghosn attire les yeux des gouvernements occidentaux sur les conditions de traitement de son mari au Japon, Carlos Ghosn donne une interview à la télévision française quelques heures seulement avant sa ré-arrestation.
Il réitère également son appel à l’aide aux autorités françaises : « Je fais appel au gouvernement français pour me défendre, pour préserver mes droits en tant que citoyen pris dans un engrenage incroyable à l’étranger ». Malgré les déclarations de Jean-Yves le Drian, le 6 avril 2019, Carlos Ghosn n’obtient pas de mobilisation de la part de l’Etat français.
Au Japon, le patron est même révoqué du Conseil d’Administration de Nissan lors de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 08 avril 2019.
La volonté de Carlos Ghosn de prouver son innocence est réitérée le 08 avril 2019, par les avocats japonais, qui s’expriment lors d’une conférence de presse (en lieu et place de celle prévue avec l’ancien dirigeant et annoncée sur Twitter).
Au cours de ce rendez-vous avec les journalistes, ils diffusent une vidéo pré-enregistrée de leur client avant sa ré-arrestation. Carlos Ghosn clame, une fois encore, son innocence et accuse quelques dirigeants de Nissan de trahison et d’avoir organisé le piège pour le faire tomber et empêcher une intégration plus forte de Renault et Nissan.
Des accusations auxquelles s’ajoutent l’ingérence des États japonais et français révélées quelques jours plus tard. En effet, mi-avril 2019, le journal japonais Yomuri Shimbun révèle qu’une série d’emails indiquent que le ministère japonais de l’économie a tenu des discussions avec le gouvernement français pour tenter de créer, de manière indépendante, un cadre dans lequel le gouvernement japonais pourrait bloquer un projet de fusion entre Nissan et Renault. Des documents impliquent les cadres de Nissan déjà largement pointés du doigt comme Hari Nada, Hiroto Saikawa et Hitoshi Kawaguchi.
Une situation de blocage qui intervient, en ce mois d’avril 2019, lorsque Nissan rejette une offre de Renault pour la création d’une holding commune détenant 100 % des deux constructeurs automobiles. Le Nikkei indique que ce projet visait à remettre sur un pied d’égalité les deux constructeurs alors que Renault contrôle actuellement 43,4 % du capital de Nissan et ce dernier détient seulement 15 % du constructeur français. Les tensions n’ont jamais été aussi vives entre les deux entreprises.
« Japan’s economy ministry held discussions with the French government and tried to independently create a framework in which the Japanese government could be involved in blocking a plan to merge Nissan Motor Co. and Renault SA ».
Nikkei – 18 avril 2019
Juridiquement, tout au long du mois, la garde à vue de Carlos Ghosn est prolongée une première fois jusqu’au 14 avril, puis jusqu’au 22 avril et ce, malgré l’appel de ses avocats à la cour Suprême et une déclaration des avocats de Carlos Ghosn sur des conditions de détention cruelles et injustifiées.
C’est à cette date que Carlos Ghosn est mis en examen une quatrième fois par les autorités japonaises. Le motif est un abus de confiance aggravé.
Cependant, le 25 avril 2019, après 21 jours à l’isolement, Carlos est à nouveau libéré moyennant une caution de 500 millions de yens (4 millions d’euros).
Les procureurs font, une fois encore, appel de cette décision pour le maintenir davantage en détention. Mais le juge rejette cette demande et ordonne la libération de Carlos Ghosn avec une condition supplémentaire : ne plus entrer en contact avec sa femme Carole. A cette occasion Carlos Ghosn déclare :
Cependant, ces appels de Carlos Ghosn restent un cri dans le désert auprès de l’Exécutif français. En effet, après une rencontre au sommet entre les présidents des deux états, fin avril 2019, l’AFP indique uniquement le « sobre rappel d’Emmanuel Macron à Shinzo Abe sur la présomption d’innocence ». Et ce malgré la demande de Carole Ghosn à la veille de cette rencontre.