Dans les tous premiers jours de 2019, le 04 janvier, Anthony, le fils de Carlos Ghosn, se fait le porte-voix des dénonciations de Human Rights Watch sur les conditions de détention de son père au Japon.

Dans le JDD, Anthony précise comment Carlos Ghosn est interrogé par les procureurs chaque jour, révèle qu’il a perdu près de 10 kilos, et explique que son père n’a pas accès à son dossier mais que les procureurs essaient de lui faire signer des confessions en japonais, langue qu’il ne parle pas. Il précise également qu’il n’a pas de contact avec son père.

Sur le continent asiatique, le même jour, José Muñoz, l’un des cadres les plus proches de Carlos Ghosn, décide de quitter Nissan. Un départ qui ne sera officialisé que quelques jours plus tard et qui va lancer, quelques mois plus tard, une valse sans précédent au sein du constructeur nippon.

C’est également quelques heures plus tard qu’une prochaine apparition de Carlos Ghosn au Tribunal de Tokyo est confirmée. En effet, ses avocats avaient, avant le week-end, invoqué l’article 34 de la Constitution japonaise qui donnent à un détenu a le droit d’être directement informé en audience publique des motifs de sa détention. Demande acceptée par le juge.

Ainsi, le 8 janvier 2019, après presque deux mois sans avoir été vu depuis son arrestation orchestrée à l’aéroport de Tokyo Haneda, Carlos Ghosn entre, menotté et tenu en laisse dans le tribunal du district de Tokyo, ce qui choquera et marquera les esprits dans la communauté internationale. Pour la première fois, il va pouvoir clamer son innocence, lui qui a résisté aux  procureurs l’exhortent à confesser depuis des mois.

Dans une déclaration argumentée, qu’il a lu au juge Yuichi Tada, Carlos Ghosn s’exprime avec les termes suivants :

« Dans le travail que j’ai accompli, je suis convaincu d’avoir toujours agi avec honneur, droiture, dans la légalité, et avec l’approbation des dirigeants de l’entreprise concernés, et ce, dans le seul but de soutenir et de renforcer Nissan et d’aider l’entreprise à retrouver sa place parmi les entreprises les plus respectées du Japon. Je suis innocent des accusations portées contre moi.  J’ai toujours agi avec intégrité et je n’ai jamais été accusé d’un seul acte répréhensible au cours d’une carrière professionnelle longue de plusieurs décennies.  J’ai été accusé à tort et injustement détenu sur la base d’accusations sans fondement. »

Point par point, Carlos Ghosn explique qu’il n’a pas reçu de rémunération non-déclarées ou que Nissan n’a souffert aucune perte sur le motif d’accusation concernant les contrats de SWAP de sa rémunération.

A la suite de cette déclaration, les avocats de la défense ont formulé une demande de remise en liberté sur laquelle le juge a exprimé ses doutes. Le magistrat estime qu’il y a un risque de fuite de M. Ghosn ou de destruction de preuves en contactant un réseau international puissant.

L’un de ses avocats, Go Kondo a même longuement argumenté prenant comme garantie celle de l’Etat français qui assure que M. Ghosn se présentera à chaque convocation.

La décision sur cette demande de remise en liberté interviendra quelques jours plus tard, par un refus.