La fin d’année 2019, d’octobre à décembre, va voir une valse sans précédent ébranler la gouvernance de Nissan et de Renault. Face au vide crée par l’absence de Carlos Ghosn, empêché depuis le 19 novembre 2018, les deux entreprises de l’Alliance ne relèvent pas la tête en termes de leadership.

Tour à tour des acteurs clés vont quitter les entreprises. En revanche, ceux qui sont identifiés comme ayant aidé à faire tomber Carlos Ghosn, conservent toujours leurs responsabilités.

Le 8 octobre 2019, Makoto Uchida est annoncé comme futur PDG de Nissan. Cette nomination n’a pas été sans révéler les divergences persistantes entre les états-majors de Renault et Nissan. Plusieurs médias pointent la défiance toujours présente au plus haut niveau de l’Alliance.

Le jour suivant, le 09 octobre, Reuters fait état d’une rétrogradation d’Hari Nada. Du moins, c’est le champ sémantique utilisé par le communiqué officiel. Ce jour-là, Hari Nada est nommé Conseiller Spécial en charge des projets spéciaux auprès du PDG.

Alors que Thierry Bolloré est en route pour Paris après avoir participé, avec Jean-Dominique Sénard, Président de Renault, à un Conseil d’Administration de Nissan le 8 octobre, il apprendra, non pas de la part de M. Sénard avec lequel il s’est rendu au Japon, mais par une indiscrétion du Figaro que le constructeur français a prévu de le remplacer à la direction générale de Renault.

Thierry Bolloré, devrait, selon le Figaro donc, être écarté en raison de sa proximité avec Carlos Ghosn.

A peine arrivé à Paris, c’est dans les Echos que Thierry Bolloré décide de prendre la parole et de défendre son bilan :

« La brutalité et le caractère totalement inattendus de ce qui est en train de se passer sont stupéfiants. Je suis monté dans un avion à Tokyo mardi soir et en atterrissant à 4 heures du matin à Paris mercredi, j’apprenais par voie de presse que le Président Jean-Dominique Senard, qui jusque-là ne cessait d’affirmer qu’il n’y avait pas une feuille de papier à cigarette entre nous, souhaitait mon départ. J’ai toujours été loyal à son égard. La seule chose que l’on me reproche peut-être, c’est d’avoir été nommé directeur général adjoint début 2018, sur proposition de Carlos Ghosn, à l’unanimité du conseil ».

Thierry Bolloré – Directeur Général de Renault

Deux jours plus tard, le 11 octobre 2019, Thierry Bolloré est bien révoqué par la Conseil d’Administration de Renault qui nomme sa directrice financière Clotilde Delbos Directrice Générale de Renault par intérim.

Le jeu de chaises musicales ne permet pas de dessiner de nouvelle stratégie ni pour Renault, ni pour Nissan. Les entreprises sont contraintes, tour à tour de faire des avertissements sur leurs résultats financiers. Renault ouvre le bal et craint des résultats désastreux le 17 octobre. En exercice fiscal décalé, Nissan annonce une chute des ventes jamais vues depuis plus d’une décennie mi-novembre.

Dans l’intervalle, certains cadres quittent l’entreprisee. C’est le cas de Philippe Klein, directeur de la planification de l’Alliance, un poste clé pour son développement. Comme le rappelle Automotive News, ce départ suit ceux, début 2019, de Danielle Schillaci chez Brembo comme PDG, José Muñoz chez Hyundai comme COO, Roland Krueger à la tête de la division automobile de Dyson ou encore Arun Bajaj, Trevor Mann ou Vincent Cobbee qui a rejoint PSA comme CEO de Citroën.

D’autres cadres sont mis de côté pour le rôle qu’ils auraient joué dans l’éviction de Carlos Ghosn comme Hitoshi Kawaguchi en charge des relations avec le gouvernement japonais.

L’Alliance, si elle estime avoir réglé les problèmes de gouvernance, fait face à un vrai problème industriel.