Au Japon, Carlos Ghosn se ravise à tenir une conférence de presse alors qu’il est très affecté après le 3ème refus des juges de l’autoriser à voir sa femme. Les procureurs eux, ne relâchent pas leurs efforts et sollicitent l’assistance des autorités suisses pour trouver des preuves à la culpabilité de Carlos Ghosn.
A Paris, le 03 juillet 2019, une perquisition est menée, à Boulogne-Billancourt, au siège de Renault dans le cadre de l’enquête préliminaire sur les frais de location offerts au couple Ghosn pour un évènement privé au Château de Versailles.
Les enquêteurs reviennent au siège du constructeur la semaine suivante, le 11 juillet, pour saisir du matériel informatique dans le cadre des deux autres volets de l’enquête : les 15 ans de l’Alliance à Versailles et les transferts auprès du distributeur de Renault et Nissan à Oman.
Mais c’est à Amsterdam, la ville où siège l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, que Carlos Ghosn lance, le 17 juillet 2019, sa contre-attaque judiciaire en assignant Nissan et Mitsubishi pour rupture abusive du contrat de travail.
Cette contre-attaque vise principalement à déporter une partie de l’affaire dans une juridiction européenne que l’équipe de défense de Carlos Ghosn considère impartiale.
Les avocats de Carlos Ghosn plaident l’application simple des règles de droit. S’il a pu être arrêté au Japon, mis en prison puis démis de ses fonctions sans avoir eu l’opportunité de répondre à ses accusateurs, le standard du droit néerlandais ne permet pas une telle action.
Carlos Ghosn a été licencié sans ménagement alors qu’il était emprisonné à la prison de Kosugé et son avocat néerlandais Laurens De Graaf rappelle :
« Si une entreprise, ici Nissan-Mitsubishi B.V (NMBV), veut licencier un de ses directeurs, elle doit lui indiquer clairement avant son licenciement les motifs et les accusations portées contre lui, et doivent fournir les documents attestant du bien-fondé de leur démarche afin que ce dernier puisse se défendre. Or, cela ne s’est pas produit dans le cas de Carlos Ghosn et rend le licenciement caduque ».
Laurens De Graaf – avocat de Carlos Ghosn
De plus, à travers cette procédure, les avocats de Carlos Ghosn aux Pays-Bas cherchent à obtenir le dossier d’accusation que le parquet de Tokyo refuse de communiquer à l’équipe de défense.
Ils réclament aussi la présence de Hiroto Saikawa, Directeur général de Nissan et d’Osamu Masuko, Directeur général de Mitsubishi à venir témoigner pour confirmer, mais cette fois sous serment, que conformément à leurs déclarations passées, ils n’étaient pas au courant des accords sur la rémunération de Carlos Ghosn.
Or, comme le rapportera le Figaro, en référence à Hiroto Saikawa :
« Ignorait-il réellement la rémunération mise en place chez NMBV au profit de Carlos Ghosn alors que le constructeur avait validé le transfert de fonds vers la petite société néerlandaise ? N’était-il pas logique qu’une structure destinée à rechercher des synergies intéresse ses dirigeants à leur réalisation ? Dans ce cas, Hiroto Saikawa envisageait-il d’être lui aussi rémunéré à terme par NMBV ? À cette question, Nissan indique ne pas pouvoir faire de commentaires. »