C’est aussi le 13 février 2019 que Carlos Ghosn décide de changer de stratégie juridique. Il renvoie son conseil depuis le début de l’affaire Motonari Otsuru.

L’ancien procureur Osturu était trop discret dans une bataille qui occulte la scène internationale. Les divergences se sont particulièrement fait sentir lorsque l’avocat n’a pas obtenu la remise en liberté de Carlos Ghosn malgré de nombreuses garanties présentées au juge. Carlos Ghosn apprendra par ailleurs que Motonari Otsuru avait eu des liens personnels avec Hiroto Saikawa, information qu’il n’a révélé à son client que des semaines après le début de la procédure.

Carlos Ghosn sera désormais représenté, au Japon, par trois nouveaux avocats, Hiroshi Kawatsu qui prendra en main la stratégie de défense, Junichiro Hironaka et Takashi Takano deux fervents combattants du système de la justice de l’otage. Et surtout de la technique éprouvée de forcer les aveux et les confessions qui permet à l’archipel d’avoir un taux de condamnation de 99.4%.

Ces trois nouveaux avocats  sont connus pour avoir travaillé dans le cadre de procès très médiatiques au Japon qui valent à Hironaka le surnom du « Rasoir ».

Il ne faut pas une semaine aux deux avocats de Carlos Ghosn pour faire part à la presse de leur étonnement sur les bizarreries de l’affaire. Hironaka émet ainsi, le 20 février 2019, publiquement ses doutes sur le fait que tout cela n’ait pas été géré en interne chez Nissan.

Les premières attaques fusent également concernant les conditions de détention de Carlos Ghosn ou l’implication globale de Nissan que Junichiro Hironaka qualifie de la manière suivante :

«This isn’t a case where Mr. Ghosn snuck in someplace in the middle of the night and did something on his own. These matters proceeded with the full knowledge of various executives in various sections inside Nissan».

Junichiro Hironaka – avocat de Carlos Ghosn

De plus, le juriste nippon a précisé que selon lui, le Japon ne respectait pas les droits de l’homme vis-à-vis de Carlos Ghosn. Un argument qui trouve écho dans le New York Times qui fait un parallèle entre la situation de Carlos Ghosn au Japon et si cela était arrivé aux Etats-Unis : pas d’interrogatoire sans avocat et probablement pas de détention non plus.

Enfin, le quotidien américain alerte également en publiant un éditorial au vitriol contre le système de la justice de l’otage.

«None of that, however, means that Mr. Ghosn, who insists he is innocent of all the charges against him, should be denied elemental legal protections, or bail. As the weeks have passed and Mr. Ghosn’s requests for bail have been rejected, that is exactly what the Japanese legal system seems to be doing. »

Un changement de style qui coïncide avec l’appel de nouvelles ONG internationales comme la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et le Centre pour les droits des prisonniers à réformer le système japonais de la justice de l’otage. Pas de quoi rassurer les hommes d’affaires qui opèrent depuis l’archipel.

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